Des "Femmes savantes" de Molière aux femmes d'aujourd'hui.

La femme et ses droits dans la société n’ont cessé de faire débat depuis le XVIIè siècle. A l’époque de Molière, le débat s’installe avec le développement des salons mondains...et aujourd’hui, 8 mars 2016, journée de la femme (journée qui se mue d’ailleurs ici et là en « semaines des droits de la femme »)…il est encore d’actualité !

 

 

Comment doit-on élever une jeune fille ? A quelles connaissances doit-on-lui donner accès ? Telles sont quelques-unes des questions particulièrement débattues au sein des cercles à l’époque de Molière. Si l’accès à la culture dans nos sociétés occidentales semble moins poser de problème pour les femmes (je n’ose employer le terme d’« acquis » car une femme sait que pour elle particulièrement aucun droit n’est jamais acquis) l’état de ses libertés reste sans cesse menacé.

Libérées semble-t-il du joug de la religion dans nos sociétés occidentales (si l’on met de côté la douloureuse condition des femmes vivant sous la loi musulmane, ce qui n’est pas rien, et justifierait au contraire un long développement), la question se pose actuellement de savoir si la place laissée vacante par la religion dans leur vie est occupée depuis… et par quoi ? Par une autre religion, celle du matérialisme ? Qu’ont- elles gagné ou perdu en se libérant de la tutelle religieuse ? …le droit de Savoir ?…Il est vrai que les universités aujourd’hui sont occupées en grande partie par des femmes…

Cependant  être une femme semble toujours insuffisant en soi à lui garantir des droits naturellement accordés aux hommes, elles semblent avoir encore besoin de « béquilles » pour pouvoir exister. L’instauration de  mesures comme « la parité » ou, justement, de « la journée de la femme » font partie de ces mesures critiquées, voir décriées… Concernant la parité, on objectera que c’est une façon de se débarrasser du problème, que c'est un processus non naturel, qu’on se contente de décréter et que c'est une mesure purement politique, de façade…D’ailleurs « se débarrasser du problème » revient donc à dire que la femme est un problème. Femmes et hommes, ont-ils besoin d’être égaux ? N’y a-t-il pas des positions naturelles, naturellement féminines et naturellement masculines…et la femme n’a-t-elle pas plus à perdre en voulant à tout prix effacer ses différences ? Ne vaudrait-il pas mieux au contraire les mettre en valeur ? Molière semble avoir eu une conscience aiguë de ce problème : à travers ses moqueries envers les « précieuses ». Etymologiquement « précieuse » est  tout simplement une femme qui entend affirmer et faire reconnaitre par tous qu’elle est un « être de prix » (precioso), ayant sa valeur propre d’être humain et par conséquent ayant le droit de penser et d’agir comme elle l’entend ( pourvu qu’elle ne nuise pas à autrui et qu’elle respecte les convenances et les bienséances.) D’où les revendications féminines à la dignité, à la liberté et à l’éducation.  Molière sait que la culture peut permettre aux femmes de s’épanouir… à conditions qu’elles évitent les erreurs des (fausses) précieuses finissant par dénaturer tout ce qui est féminin et c’est ces dernières qu’il raille.

 

Mais peut-être faudrait-il tout d’abord commencer par définir ce qu’est être une femme, un homme aujourd’hui ? Or il y dans l’air du temps comme un effacement des différences,  une confusion des genres, une « androgénisation», la bisexualité s’affiche,  hommes et femme n’ont déjà plus besoin de leurs différences pour avoir des enfants : il existe désormais un marché de la grossesse (mères porteuses) et l’utérus artificiel a fait son apparition. 
L'expression des femmes doit se faire excessive pour pouvoir se faire entendre et dans un entretien récent, Anne Zelensky, présidente de la ligue des droits de la femme se désolait du manque de combativité des féministes d’aujourd’hui qui, trop consensuelles, « chuchotent et n’osent plus explorer de nouvelles voies et qui par peur de déplaire ont perdu la voix ». 
Or on a plus que jamais besoin de ces « réveils matin » pour reprendre une expression de Régis Debray, besoin qu’elles viennent déranger l'ordre établi et mieux déchiffrer l'actualité. La femme se trouve en première ligne de toutes les radicalisations qui menacent notre société (religieuses ou politiques) et l’actualité récente concernant les migrants nous prouve que ces libertés sont les premières à devoir être protégées, qu’il s’agisse des migrantes (viols dans les camps de réfugiés) comme des autochtones des pays accueillants (émeutes de Cologne).

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